Rodage bourguignon
Notre escapade Mâcon-Cluny ne nous avait pas suffit… Et ne suffisait pas non plus à roder nos vélos. Alors nous sommes repartis, ce jeudi de l’Ascension et le vendredi qui le suivait, pour une petite escapade en Bourgogne. Car oui, les vélos ça se rôde : les câbles se détendent, la chaîne aussi, les freins s’usent, la selle se déforme… Invisibles à l’œil, tous ces petits défauts mis bout à bout peuvent engendrer un vélo un peu bancal. D’où l’importance de faire quelques centaines de kilomètres avec, avant de les ramener pour une révision avant le grand départ.
Un avant-goût de projet
Mercredi soir, après le boulot, on repasse donc chez nous récupérer vélos et sacoches. Un avant-goût du grand départ : contrairement à il y a 15 jours, nous sommes seuls, et il n’y a personne pour porter le vélo de Marine dans les escaliers. Alors on s’organise : Marine se barde de toutes les sacoches (ressemblant ainsi aux ânes qu’elle chargeait à Belle-Île l’été dernier !) alors que je descends (ou monte) les vélos un par un. Enfin nous voilà… au pied de notre immeuble seulement !
On roule jusqu’à la Part-Dieu avec une pointe d’appréhension : rien à voir avec la gare de Vaise déserte de l’autre fois. Ici, en cette veille de week-end de 4 jours (pour les plus chanceux), le hall et les quais sont bondés. Tellement bondés qu’on redoute de ne pas avoir de place dans le train, ou de manquer de temps pour y monter. Heureusement celui-ci arrive en avance et nous avons tout le loisir de nous y installer, les vélos bien accrochés aux murs, et nous sommairement installés sur de petits strapontins.
Une heure et demie plus tard, nous arrivons à Châlon-sur-Saône où nous passons la soirée chez Anaïs et JB, à boire du bon vin blanc, des jus de fruits, et à manger du cake, de la tarte et autres excellents houmous. Au lit ! Car demain, il va falloir être en forme…
Sur la bonne voie… mais surtout dans le bon sens !
Dès le réveil, la question se pose : Châlon-Dijon, ou Dijon-Châlon ? D’un côté nous sommes à Châlon, et monter en train sur Dijon nous mettrait en retard… De l’autre, le vent dominant est annoncé Nord-Sud, et Dijon se trouve un peu plus haut en altitude… Priorité au confort sur les horaires : nous prenons un TER qui nous dépose à Dijon vers midi et nous découvrons la ville sous un soleil déjà dur.
Dès les premiers coups de pédales, nous sommes conquis par la vieille ville et ses superbes toits en tuiles vernissées de toutes les couleurs ! Nous nous aidons de Google Maps afin de rejoindre le petit Parc Darcy, d’où part le fameux parcours de la Chouette qui sillonne la ville de point de vue en point de vue, nous permettant ainsi de voir plusieurs bâtiments mythiques comme l’église Notre-Dame ou le Palais des Ducs, sans oublier l’immense place de la Mairie et ses fontaines.
C’est vert 13h que la faim nous rappelle à l’ordre. Nous montons donc vers le Lac Kir, un lac artificiel inauguré dans les années 60, qui puise son eau dans L’Ouche, la rivière dijonnaise. Le lac est charmant, avec une petite plage, et des berges herbeuses le long desquelles passe également le Canal de Bourgogne (que nous nous jurons de revenir parcourir un jour en vélo). Quelques tartines à base de « pâté végétarien » et deux œufs durs plus tard, nous repartons en direction du centre ville que nous traversons rapidement avant de piquer au sud, jusqu’à Nuits-St-Georges.
Quand la moutarde nous monte au nez
Le calvaire commence dès notre sortie de la ville : notre topo-guide manque cruellement de cartes détaillées, et nous ne trouvons aucun balisage de la voie verte en ville. Nous utilisons donc, une fois de plus, Google Maps pour rejoindre Chenôve, une ville de la banlieue qui n’a rien d’exceptionnel, si ce n’est une proximité déroutante entre des barres HLM bétonnées, et des jolies maisons avec vue sur les vignobles avoisinants !
Nous ne trouverons finalement jamais le tracé de la voie verte ; mais nous réussissons à longer les vignobles tant bien que mal, traversant au passage les villes de Marsannay-la-Côte, Fixin, Gevrey-Chambertin et Vougeot. Marine n’hésite pas à nous faire passer dans des chemins de plus en plus petits… En fait, on est en train de suivre un chemin de randonnée, et on ne le sait pas encore !
Mais l’heure tourne et nous faisons une pause goûter dans laquelle nous appelons le camping pour nous assurer que nous pourrons arriver après 18h. Aucun problème, nous reprenons donc la route l’esprit tranquille avant de nous rendre compte, une fois arrivés à Nuits-St-Georges, que le camping était 10 km plus tôt, dans le village de Chamboeuf…
Heureusement il y a un camping ici aussi ! Il est minuscule, coincé entre une autoroute et une voie de TGV, et tenu par un mec absolument imbuvable qui nous fait payer 13€ pour ça… Mais ça fera l’affaire, car s’il y a bien une leçon qu’on retient de cette journée caniculaire, c’est que la douche est indispensable après une journée de vélo ! C’est donc exténués, mais propres, que nous nous endormons dans notre petite tente, avec un réveil programmé à 8h le lendemain…
Lenteur matinale
La prochaine fois, on le mettra à 7h ! Car le temps de se laver, ranger les affaires, régler les vélos, déjeuner, et partir, il est déjà 10h15 ! Nous prenons la route en direction de Beaune où nous comptons déjeuner à midi.
Dès les premiers kilomètres, la route est juste magnifique ! Nous passons de la campagne aux vignobles, et c’est près du village de Corgoloin que nous tombons miraculeusement sur la voie verte ! D’office elle nous fait remonter dans les vignobles, qui sont quasiment tous à flanc de colline. C’est là que nous prenons conscience du dénivelé que nous allons devoir avaler aujourd’hui : même si chaque grimpette est modeste, la route serpente et ne fait que descendre pour mieux remonter ensuite… C’est fatigant, mais la vue en vaut la chandelle, car nous obtenons de superbes paysages sur la Bourgogne et la ville de Beaune que nous apercevons au loin. Nous croisons au passage un groupe de cyclistes très sympathiques avec qui nous discutons quelques minutes. C’est comme ça que nous apprenons que tous les foyers de feux que nous croisons au bord des vignes depuis 2 jours sont en fait les restes des feux allumés, en même temps, par tous les viticulteurs du coin au mois d’avril, afin de contrer les terribles gelées qui menaçaient de détruire leurs vignes.
Nous arrivons à Beaune vers 13h, où nous nous trouvons un petit coin à l’ombre pour pique-niquer, après avoir fait un petit détour dans le centre-ville. La ville est superbe avec ses bâtiments en pierres, ses petites rues pleines de restaurants, et ses hospices que Marine aime tant. Mais nous sommes en retard, et nous avons encore une bonne quarantaine de kilomètres à faire pour rejoindre Châlon, alors nous nous pressons !
Plus vite, mollusque !
C’est ainsi que vers 14h, sous un soleil bien présent, que nous démarrons le périple de la véloroute des vignes : une immense voie cyclable sur laquelle nous croisons quand même pas mal de viticulteurs avec leurs voitures et leurs tracteurs encore tout suintants de pesticides à l’odeur âcre… Nous nous félicitons alors de notre amour du bio ! La voie est, encore une fois, superbe, et nous fait traverser d’immenses étendues viticoles au milieu desquelles se dressent de somptueux châteaux, qui alternent avec de magnifiques villages bien connus… au moins de nom : Pommard, Meursault, Montrachet… Malgré les innombrables caves que nous croisons, pas de vin pour nous : nous préférons nous jeter sur les robinets des casernes de pompier pour nous désaltérer et rincer un peu notre sueur et nos multiples couches de crème solaire !
Mais voilà : il est 16h et les panneaux indiquent encore 12 km jusqu’à Santenay… Où nous attendent encore 24 km jusqu’à Châlon ! Comment faire ?! Curieusement, en observant la carte, on se rend compte que la véloroute fait d’immenses zig-zag entre les villages… Multipliant facilement par 2 notre distance, et notre dénivelé ! Retard et fatigue obligent, nous décidons de couper en ligne droite (tant pis pour les villages), et nous arrivons en 15 minutes à Chagny, où nous rejoignons les berges du Canal du Centre qui file en ligne droite jusqu’à Châlon-sur-Saône. Plus que 20 km !
Ces 20 kilomètres sont à la fois très courts et très longs. La fatigue se fait sentir : les jambes sont lourdes, et le mental fatigue un peu. Mais la bonne humeur persiste et le paysage est superbe : on croise de belles péniches multicolores, et de nombreuses écluses, sans toutefois avoir la chance d’en voir une en action… Les pêcheurs aussi sont de sortie, de tous âges !
Finalement nous arrivons au centre de Châlon vers 18h45, où nous passons faire un coucou à nos hôtes de l’avant-veille (chez qui j’avais oublié des fringues, évidemment) avant de rallier la gare. Le TER, dans lequel nous sombrons, nous ramène à Lyon… Malgré la sensation de ne pas avoir faim, nous dévorons une pizza chacun (ou presque) sans broncher, dans un état quelque peu léthargique, avant de nous laver (enfin !) et de sombrer dans un sommeil profond…
Quel épopée !
Super ces articles ! 🙂 Très bien détaillé c’est top on a l’impression d ‘être avec vous 🙂
🙂
Yep, thanks for share .. C’est vrai qu’à vous lire on y est aussi !
A la sortie de Dijon c’est bien la galère aussi de ce côté! Avec Daniel on avait peiné malgré le secours de mon Gps pour aller vers l’ouest à Gray rattraper le chemin de halage de la Saône. Faut avouer que j’avais oublié de faire évoluer le paramétrage du GPS de « randonnee » à « velo » si bien qu’il nous a envoyé sur des sentiers forestiers et on a eu souvent l’impression de parcourir la Piste Hokimin.